Et si nous reprenions les théories Clementienne sur l'art de monter à cheval !!
Clem nous donne ici tout son savoir sur ce moment délicat qu'est une transition !!! Et comme on ne voudrait pas trop vous fatiguer, on fera celà en deux parties..
« Bien rater ses transitions. »
Il y a quelques années, je vous distillai mes conseils avisés (Ahem…) afin de réussir au mieux vos taxis et georgettes, deux exercices assez délicats, nécessitant des années d’entrainement. À titre personnel, j’ai définitivement une préférence pour le taxi, depuis une certaine georgette sur un cross, un peu trop réussie, dont je ressens encore pleinement les bienfaits aujourd’hui. Cependant, à la réflexion, je m’aperçois que j’avais mis la charrue avant les bœufs – ou le tapis avant la selle, il y a plusieurs écoles - : en effet, comment envisager sereinement le travail à l’obstacle, quand on ne maîtrise pas les bases sur le plat ? Un bon ratage se prépare en amont, et pas seulement le jour J ! C’est un travail de longue haleine. Aussi, dans la suite logique de ces essais, je vais aujourd’hui m’attacher à expliquer comment bien rater ses transitions.
Avant de passer aux considérations purement techniques, peut-être nous faut-il prendre quelques minutes afin de définir ce que sont les transitions. Il en existe deux types principaux, que l’on pourrait qualifier d’inter-allures d’une part, et d’intra-allures d’autre part. Inter-allures, cela signifie, en gros, entre deux allures. Par exemple, du trot à l’arrêt est une transition inter-allures. (Oui, l’arrêt est une allure si je veux !). Intra-allure, c’est dans la même allure. Comme du galop au galop. Mais si, c’est logique, essayez de suivre un peu ! Oui, vous aussi, au fond près du radiateur ! Bref.
Après, pour chacune de ces deux catégories, il y a les transitions montantes (du moins vite au plus vite, pour faire simple), ou descendantes (ba, l’inverse, donc – à mon sens judicieusement nommées ainsi parce que, mal réalisées, elles peuvent permettre au centre de gravité du cheval de descendre quelque peu… Au niveau de ses genoux, par exemple, si le cavalier y met du sien). Donc, si on multiplie les types de transitions, avec leur catégorie, puis qu’on combine le résultat obtenu avec le nombre d’allures et de variations possibles et qu’on le divise par l’exponentielle de π2, on s’aperçoit qu’il existe presque autant de possibilités qu’au loto… Un vaste champ d’erreurs possibles s’ouvre au cavalier… Voilà qui laisse rêveur…
Pour en revenir à mon propos, dans un souci de clarté, nous nous intéresserons ici uniquement aux transitions dites « volontaires », c’est-à-dire réalisées à l’initiative du cavalier. Ainsi, par exemple, la très esthétique « pas rênes longues- chien qui passe en courant – demi-tour – galop la tête en l’air » sera, à regrets, laissée de côté, tout comme la fameuse « galop – bidet sous l’oxer – arrêt glissé – cavalier sur l’encolure (ou dans le bidet susmentionné) ».
Nous allons ici devoir définir ce qu’est une bonne transition ratée, les avantages de cette figure, ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour l’obtenir.
D’abord, il faut bien comprendre l’essence de cette figure. Dans une transition montante ratée, le cheval s’ouvre, regarde vers le ciel, voire vers son cavalier si sa morphologie le lui permet (par exemple, une encolure de cerf est un plus, surtout avec un dos très long), tout en perdant la tension de sa ligne du dessus, la rectitude, les postérieurs… Un peu tout, quoi (perdre ses clés dans le sable n’a, en revanche, aucune incidence sur la qualité des transitions, sauf si cela vous amène à regarder par terre) ! Dans les transitions de type « pas-galop », il est en particulier appréciable de caler quelques foulées en trottinant.
Dans les transitions descendantes ratées, le résultat est finalement à peu près le même : le cheval s’ouvre ou se plaque, se traverse, fouaille de la queue, et perd à peu près tout. Comment savoir si un cheval est ouvert ? Eh bien, par exemple, quand il contemple les nuages la bouche grande ouverte, il est peut-être légèrement au-dessus de la main. Si en revanche il semble absorbé par l’examen minutieux de son propre poitrail, il est possible qu’il soit plaqué… Enfin bon, je dis ça, je ne dis rien…Quoi qu’il en soit, dans les transitions descendantes également, le trottinement est un assez bon indice. Cela dit, on peut aussi le deviner lorsque les quatre membres sont disposés anarchiquement lors de l’arrêt, à l’opposé du monotone arrêt dit « au carré », signe d’une bonne impulsion.
Dans les transitions intra-allures, il faut absolument que le cheval varie sa cadence : par exemple, s’il trottait avec le rythme lent et régulier d’un métronome au trot dit « de travail », alors le passage au trot moyen doit subitement rappeler le marteau-piqueur épileptique. Si en plus il peut esquisser un départ au galop, mais par exemple seulement avec les postérieurs (que nous qualifierons de départ au galop « Vincennes », dans un souci de clarté), on arrive à une figure d’un niveau exceptionnel. Pendant ce temps, le cavalier doit avoir l’air crispé caractéristique de celui qui se tape méchamment le c.., rappelant le facies jovial de celui qui se rend compte qu’en fait si, la clôture était bien reliée au secteur. Ou qui souffre d’une sévère crise d’hémorroïdes après avoir mangé très épicé. Ou mieux, les deux.
Il est important également, pour accentuer l’effet de style, de lever exagérément les mains, tout en avançant les jambes le plus possible, en veillant à ne pas effleurer les flancs du cheval. Si en plus le cavalier est un nostalgique des années passées, il ne portera pas un casque trois points, mais sa vieille bombe en velours antique, qui pourra ainsi en sus lui tomber sur les yeux – Hélas ce type de prouesse est de plus en plus rare…
Outre leur puissant potentiel esthétique, quel est l’intérêt de rater ses transitions ? Il est en réalité multiple, et s’étend sur bien des aspects équestres.
A suivre !